L’exotisme nippon, c’est aussi l’opportunité de mourir de façon originale dans une catastrophe naturelle.
Au Japon, on ne rigole pas avec la sécurité. J’ai eu l’occasion de parler de la police et de la sécurité dans les rues. Vous pouvez venir l’esprit tranquille. Ou presque. Si le criminel moyen vous laissera tranquille, reste le cas de Dame Nature, capricieuse sous ces latitudes.
Les événements du 11 mars 2011 sont assez connus pour que je n’y revienne pas, idem les conséquences immédiates en termes humains et matériels. Par contrecoup, un secteur a particulièrement morflé : le tourisme. En 2010, 6,4 millions de touristes viennent au Japon (détail des chiffres) ; ils ne sont plus que 4 millions en 2011 (détail des chiffres). Soit un gros tiers de moins, avec des pointes de -60 à -80% au cours du trimestre post Fukushima. La situation s’est un peu améliorée à partir de l’automne (entre -10 et -15% par rapport à 2010), mais reste dans le rouge (chiffres de 2012).
Point positif, de gros efforts ont été faits pour attirer le touriste et lui faire oublier sa répulsion naturelle pour les radiations. Le prix de nos billets d’avion pour partir en août 2011 était ridicule. En négociant, je pense qu’on nous aurait offert le vol, voire donné de l’argent. Certaines villes ont également mis en place des sites de propagande d’information pour rassurer la population, qu’elle soit autochtone ou de passage (exemple : ma bonne ville de Kyōto).
Ici, regarder la météo ne se limite pas à savoir ce qu’on va porter le lendemain, mais aussi à savoir si on verra le surlendemain. Sur le site de Météo France, la carte des alertes est un confetti paumé dans un coin. L’Agence Météorologique du Japon (気象庁, Kishōchō ou Japan Meteorological Agency ou JMA) offre un panorama complet sur tout ce qui pourrait vous arriver (site en VO ; en anglais). La taille de l’encart “catastrophes” est parlante… Les prévisions climatiques sont presque anecdotiques en comparaison du nombre de liens sur les tornades, typhons, tsunamis, tremblements de terre et autres activités volcaniques. Ne manquent que les foudres divines et les météorites.
On peut même suivre l’actualité des tremblements de terre en temps réel (ici). La carte permet de passer en revue les secousses de la journée. Rien qu’une journée standard comme ce 2 juin compte 10 secousses et il est à peine 20 h.
Depuis mon arrivée, j’ai eu l’occasion de me faire dépuceler par Dame Nature. J’ai survécu à mon premier typhon, diverses tempêtes printanières et deux tremblements de terre (à Tōkyō). Palmarès qui n’a rien d’impressionnant, ici c’est le quotidien. Dans la vie du gaijin fraîchement débarqué, on commence à devenir un “vrai” résident passé le cap de ces quelques avatars naturels et quand on regarde la météo, par habitude, sans avoir la trouille de prendre le ciel sur la tête ou de voir la terre s’ouvrir sous nos pieds. On s’y fait, tout bêtement. Mes deux tremblements de terre n’étaient d’ailleurs que de ridicules chatouillis d’amplitude 1. Ceci dit, la première fois, ça impressionne quand même, faut reconnaître. A part dire qu’on sent que ça tremble (sans blague ?!?), je ne vois pas trop comment le décrire de façon vraiment parlante. A vivre…