Pour une fois, il ne sera pas question d’un énième festival mais d’une éruption volcanique !
La scène passe en boucle sur toutes les télés du Japon : le Sakurajima vient d’entrer en éruption ce 18 août 2013 à 16h31 pétantes – c’est le cas de le dire.
Le Sakurajima (桜島) est un volcan actif (oui, on a vu, merci) de 1117 m de haut, situé au Sud de l’île Kyūshū – pour les bites en géo, c’est la plus méridionale des quatre îles principales, donc à l’extrême Sud du Japon.
On compte trois sommets principaux – Kitadake (北岳, 1117 m), Nakadake (中岳, 1080 m) et Minamidake (南岳, 1040 m) – auxquels s’ajoutent des cratères secondaires et dômes de lave dont je vous épargne la litanie nominale (cf. carte).
Depuis 1914, l’île de 77 km² sur laquelle il éructe est devenue une presqu’île, les coulées de lave l’ayant rattachée Kyūshū. L’activité volcanique quasi constante (500 explosions par an en moyenne) connaît un pic depuis qu’elle s’est concentrée sur le cratère Showa en 2006 : 548 explosions en 2009, 896 en 2010, 996 en 2011 et 885 en 2012. L’éruption qui vient d’avoir lieu fêtait la 500e de 2013.
Sur Sakurajima même, la population est en chute libre : de 20000, les habitants sont passés à 9000 sous l’ère Meiji pour n’être plus que 5600 en 2010.
Bien qu’il s’agisse d’un des volcans les plus actifs du Japon, l’implantation humaine autour est très dense. Qui dit volcan dit source chaude, donc thermalisme et tourisme associé. Le sol volcanique rocheux limite les possibilités de culture mais permet quand même celles des plus gros radis blancs du monde (桜島大根, Sakurajima daikon) et des plus petites mandarines du monde (桜島小みかん, Sakurajima komikan). Du moins il le permet quand les cultures ne sont pas ravagées par le volcan. Enfin, face à la presqu’île, à une huitaine de kilomètres, on trouve Kagoshima et ses 600000 habitants.
Comme les Japonais sont des gens très organisés, ils sont parés à faire face. L’observatoire de Sakurajima, construit en 1960, surveille de près l’activité du volcan. Les risques associés de tremblements de terre et tsunamis sont gardés à l’œil de très près. La ville de Kagoshima possède des équipements spécifiques comme des abris en béton, des systèmes de ventilation pour l’extraction des cendres dans les bâtiments ou des toits renforcés pour éviter l’écroulement sous le poids des mêmes cendres. Dans la même optique, les maisons les plus exposées aux retombées de cendres sont dépourvues de gouttières. Il existe même un protocole spécifique de ramassage des cendres dans des sacs prévus à cet effet.
La presqu’île de Sakurajima est truffée de dispositifs (digues, bassins de rétention, canaux) pour faire face aux coulées de boue qui tuent plus que la lave.
Enfin, les garde-côtes, la marine, la police et les pompiers sont formés spécifiquement pour opérer une évacuation rapide et sans bavure en cas d’éruption massive. Idem la population qui se livre à un exercice géant chaque année le 12 janvier pour l’anniversaire de l’éruption de 1914. Ce qui explique que personne ne panique alors même que les rues sont embrumées de cendres et qu’un panache de 5000 m de haut – nouveau record – s’élève du volcan.