Je parlais récemment de la faculté des Japonais à roupiller dans le métro du sommeil du juste et/ou du sans-gêne.
Comme on n’est pas chez mémé – à moins que votre grand-mère ne vive dans un métro dont elle serait propriétaire –, il y a des règles à suivre dans le métro, celles du savoir-vivre. Pour qui a reçu une bonne éducation, ces règles sont implicites et vont de soi.
La réputation de politesse du Japon n’est pas usurpée, mais le métro reste un monde à part, où se comporter comme un sagouin ne gêne pas outre mesure certains usagers. D’où des affichages pour rappeler deux-trois notions élémentaires qui se résument à “t’es pas tout seul, grand”.
A noter que si vous comptez profiter de votre statut de touriste pour jouer au malin en prétextant ensuite “je savais pas”, les affiches comportent des sous-titres et vous serez bien feinté.
L’intérêt de ces affiches réside dans le glissement de sens sitôt qu’on élimine le texte.
Une question demeure, qui me taraude, me hante, me fait perdre l’appétit et le sommeil. Fut un temps où, dans le métro de Lille, pour signaler qu’il ne fallait pas coincer sa main dans la porte (ce qu’on rêve tous de faire, c’est bien connu, à moins qu’un panneau ne nous avertisse des risques), le danger était signalé par une affichette représentant un ours. Dans le métro de Tōkyō aussi (ou c’est un gamin déguisé en Winnie ou en Mickey, je ne sais pas trop). Je me suis toujours demandé s’il fallait le prendre au sens premier (affichage qui s’adresse aux ours uniquement) ou au second degré (dans ce cas, n’ayant jamais entendu l’expression “con comme un ours”, pourquoi pas plutôt un balai, la Lune ou un pied). Et d’où vient cet archétype universel de coller des ours dans le métro ? un truc jungien ? Vous en croisez souvent, vous, des ours dans le métro ?