Les réseaux sociaux au Japon

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Ah, les réseaux sociaux… L’art de n’avoir rien à dire et d’en faire profiter tout le monde.

En tête de liste, Mixi et Gree, les deux plus grands SNS (Social Network System) autochtones, qui tournent autour des 20 millions d’utilisateurs chacun.
Je ne vais pas me lancer dans un long exposé. Mixi reste très fermé aux étrangers donc vous avez peu de chances d’y atterrir. Gree intéresse surtout les adeptes du SNS+jeux, combo qui m’ennuie.
Sur Mixi, très axé sur les communautés, vous pouvez jeter un œil sur cet aperçu à peu près correct. Conçu par et pour les Japonais, vous pouvez faire une croix dessus si vous êtes hermétique à la langue de Mishima, si vous n’avez pas de mail/portable japonais et/ou si vous n’avez aucune connaissance qui puisse vous “présenter” à ses amis. Sur ce dernier point, il était auparavant indispensable sur Mixi d’être invité par quelqu’un. Si cette clause a disparu pour créer un compte, elle n’en reste pas moins indispensable en pratique. Les Japonais ont beaucoup moins la manie d’ajouter à tour de bras des “amis” parfaitement inconnus que les Occidentaux. Donc si vous sortez de nulle part, le contact n’est pas gagné.

Mixi et son "esthétique" typiquement nippone.
Mixi et son « esthétique » typiquement nippone.

Facebook est arrivé sur le tard en 2008 et a mis du temps à décoller, puisqu’il a fallu attendre 2011 pour qu’il commence à peser un tant soit peu. Et comparé aux chiffres en Europe ou en Amérique du Nord, les résultats restent moyens pour un pays de 127 millions d’habitants réputés pour être des grands malades de la connexion et du mobile. L’explosion de 2012 se révèle un souflé qui retombe très vite dès l’année suivante. Sur le “long terme” (ouaip, 6 ans, c’est énorme…), Facebook ne prend pas vraiment. Considéré comme archaïque (lol, comme dirait ma mère), il ne cadre pas avec la mentalité et les usages du web nippons. D’une part, les Japonais tiennent à leur anonymat sur le Net. Donc quand un SNS propose de s’inscrire sous son véritable patronyme, forcément, ça coince. D’autre part, Facebook… c’est Facebook. Et les Japonais ont vraiment du mal avec cette auo-hagiographie de tous les instants où le moindre rhume prend des allures de phase terminale, où un footing de deux bornes devient le treizième travail d’Hercule.

Twitter, lui, cartonne carrément… en tout cas pour le moment. Tout est , je ne vais pas épiloguer.

Enfin, le petit dernier, Line.

lineS’il n’y en a qu’un à retenir, c’est bien celui-ci. Gree vous laissera de marbre si vous n’êtes pas adepte des jeux sur mobile. Mixi accuse son âge et s’érode gentiment. Facebook, c’est de la merde. Twitter trop limité.
Lancée en 2011 après le tremblement de terre qui a “légèrement” bousillé pas mal de lignes de communication, Line était à la base une bête appli de chat pour téléphones portables. Aujourd’hui, la voilà devenue une créature hybride à côté de laquelle la chimère passe pour un collage de maternelle. Chat, conférence vidéo, jeu, VOIP, partage audio/vidéo… on peut tout faire avec, même se la carrer dans le cul en mode vibreur. On peut même y raconter sa vie. Mixi, Facebook, Greed, Twitter et Skype en UNE SEULE application.
50 millions d’utilisateurs au Japon, soit quasiment 1 Japonais sur 2, excusez du peu. 400 millions d’utilisateurs dans le monde, avec un rythme de croissance qui renvoie Facebook au bac à sable.
Qu’est-ce qui a séduit les Japonais ? Déjà, à la base, il s’agit d’un système de communication privée, loin de l’étalage public et grandiloquent à la mode Facebook. Ensuite, pour des raisons pratiques, faut bien reconnaître le génie d’une appli tout-en-un plutôt que d’installer 12000 machins entre lesquels on passe son temps à sauter. Rien ne vous empêche d’y ajouter 200 applis complémentaires, mais basiquement vous avez déjà tout ce qu’il faut. A la décharge de ses concurrents, Line, tout jeune, tout récent, a été conçu directement pour les téléphones intelligents. Ses prédécesseurs ont dû faire avec les moyens “de l’époque”, assurer la transition vers la nouvelle génération de matériel et c’est pas simple ce genre de phase. Enfin, Line, c’est aussi du kawaii comme s’il en pleuvait. Là, on sent bien que le truc a été conçu à l’origine par et pour des Japonais. Une interface customisable que si tu veux peindre du rose bonbon en arrière-plan tu peux. Et des bitonios que tu peux coller partout, les fameux  stamps ou stickers, ces smileys nouvelle génération. Des lapinous à la con, des zozios débiles, des chats crétins… Payants bien sûr. Et ça marche ! Rien d’étonnant auprès des plus jeunes. Mais même les adultes ! Le fait est que le kawaii, c’est culturel et face à ça, le Japonais lambda dispose de la maturité esthétique d’un gosse de 3 ans.

L'horreur... l'horreur...
L’horreur… l’horreur…

Pour vérifier la vogue de la chose, un test tout simple. Si tu veux draguer, vaut mieux remballer ton Facebook de dinosaure sous peine de passer pour le dernier des gloglos. Avec Line, en revanche, un monde de stupre s’offre à toi sans avoir à lever le cul de ta chaise. A son corps défendant – mais les concepteurs devaient bien s’attendre à ce genre de développements –, Line regorge d’annonces on ne peut plus torrides explicites via des applications additionnelles. Du moins, c’est ce qu’on m’a dit. Moi, je suis marié, donc évidemment très sage et je n’ai absolument pas testé la véracité de cette dernière information. Et la Terre est plate.