Homme suite homme

Une tornade vient de passer dans mon bureau qui cesse désormais de ressembler à une salle d’état-major… quoiqu’entre l’armure de kendō, deux shinai, un bokken, un iaitō et un daishō, l’environnement reste très martial et a tout d’une salle d’armes.

Eh oui, un pan (t’es mort), voire un mur entier était consacré à la géographie locale. Cartes, plans du quartier, du métro, des principales lignes de bus, dizaines de post-it griffonés d’indications sur le chemin à suivre pour aller de tel endroit à tel autre, itinéraires (c’est pareil mais en un seul mot), indications sur tel ou tel commerce, ce qu’on y trouve, ses horaires et jours d’ouverture… On se serait cru devant le plan de bataille de Stalingrad mais en plus grand. Exit désormais tout ce barda, tout est assimilé et connu sur le bout des doigts.

Retour nostalgique sur mes première semaines.
Je me suis familiarisé avec le quartier et notamment les rues autour de chez moi, notamment pour éviter de me perdre connement et tourner en rond en rentrant de faire mes courses… Ce qui n’a pas manqué d’arriver évidemment. Par chance, Yumi connaissant le terrain, j’avais un guide pour me tenir la main au propre comme au figuré et m’indiquer les coins à connaître.
J’ai pris une poignée de jours pour cartographier le quartier au sens littéral. Grâce aux merveilles de la technologie moderne (scan, Photoshop, imprimante), j’ai pondu une version maison et XXL d’un plan des environs, grand comme à peu près 4 cartes routières (oui, j’ai le sens de la mesure). Mon bureau a rapidement ressemblé à celui de Rommel tellement il donnait l’impression que j’allais lancer une opération d’invasion d’une envergure telle qu’Overlord passerait pour une escarmouche.
Bref, le super plan, ultra détaillé et couvert de punaises colorées pour marquer les points vitaux. Entouré de tout un tas de post-it de référence sur « quoi trouver où et comment qu’on y va » en bon français : les coins à esquiver pour éviter de croiser mes compatriotes (consulat, école française, bars francophones…) et tous lieux utiles comme supermarché, épicerie, marché, resto, bistro, tabac, administrations, distributeur de tunes, banque, poste, pharmacie, arrêts de bus, stations de métro, curiosités touristiques, médecin et bien sûr un indispensable grossiste en punaises.

Me voilà aussi familier des lieux qu’un natif, maîtrisant par cœur la topographie locale. J’arpente les rues sans me paumer, sans GPS, sans boussole et sans plus vérifier mon orientation grâce à la position du soleil (je suis adepte des vieilles méthodes). Fini les erreurs de débutant telles que “comment ça, c’est fermé le lundi ?”. Du moins dans mon quartier et ceux que je fréquente assidûment comme le Gion, je n’ai quand même pas appris le plan de toute la ville par cœur.
C’est donc une page qui vient de se tourner dans l’histoire de ma nouvelle vie au Japon.

Qu’est-ce que je vais faire de toutes ces punaises ?…