Rassurez-vous, je n’irais pas plus loin dans les fadaises florales ronsardiennes.
Aoi Matsuri (葵祭り), le festival de la rose trémière, a lieu tous les ans à Kyōto le 15 mai. Sauf cas particulier comme l’an dernier où il a été repoussé au lendemain pour cause de pluie battante – assez ironiquement, il a fait très beau le 16.
Aoi Matsuri fait partie du tiercé des festivals majeurs de la ville avec le Gion en juillet et le Jidai en octobre.
D’après le Nihon Shoki, l’origine remonte au règne de l’empereur Kinmei qui régna au VIe siècle. A l’époque, des pluies à répétition avaient bousillé les récoltes, entraînant disette et épidémie. Famine, Pestilence et Mort, à un cavalier près, c’était le quarté dans l’ordre. La responsabilité du mauvais temps retomba sur Kamo Wakeikazuchi, le kami du tonnerre. On pria donc très fort – kami Kamo, patapo, Kamo kami, patapi… Depuis, c’est resté.
Comment ça se passe ? A 10h30, un cortège imposant s’ébranle à partir du Palais Impérial. Quand je dis imposant, je parle de 600 personnes en costume de la période Heian, avec moult cavaliers, chars à bœufs, palanquins, le tout décoré à grand renfort de rose trémière. Bref, l’artillerie lourde.
La procession rallie le sanctuaire de Shimogamo (下鴨神社) et, trois heures de rites plus tard, reprend la route vers le sanctuaire de Kamigamo (上賀茂神社).
Deux personnages se détachent du lot. En tête, le messager impérial qui a pour tâche d’ouvrir la route (vu qu’il est en tête, merci La Palice) et de présenter aux dieux les offrandes de l’Empereur. L’autre vedette est la Saiō-Dai (斎王代) qui effectue les rites dans les sanctuaires. Sélectionnée parmi les femmes célibataires de Kyōto, ça pète sur un CV d’être la Saiō-Dai de l’année. On la trimballe dans une caisse à savon (un genre de palanquin avec des roues) pour éviter de la fatiguer. En effet, elle porte ce que je considère comme l’ancêtre du gilet pare-balles : le jūnihitoe (十二単). Ce kimono ultra formel consiste rien moins qu’en douze couches de fringues superposées et pèse dans les 20 kg.
Pour assister à la procession, il existe deux options et demie.
- 1a : Réserver un siège payant au Palais Impérial ou dans l’un des deux sanctuaires.
- 1b : Arriver très en avance dans l’un des trois endroits susmentionnés et choper une place gratos à peu près aux premières loges.
- 2 : Etre n’importe où sur le trajet de la procession et la regarder passer quand elle traverse la ville.
Entre le message impérial et le membre du cortège qui ferme la marche, il faut compter une petite heure pour voir défiler tout le monde. La place assise n’est donc pas forcément un luxe.
Parallèlement à la procession, d’autres festivités sont organisées. La plus notable étant le yabusame (tir à l’arc à cheval), discipline qui me laisse toujours baba d’admiration.