Trop tard, fallait venir il y a deux jours.
Cette article s’annonce sous les auspices de la finesse et du bon goût, vous voilà prévenu. Faudra pas venir vous plaindre si le sujet part en sucette.
Or donc, ce week-end se tenait à Kawasaki, non pas un festival de moto mais le Kanamara matsuri (かなまら祭), alias “le festival du phallus de fer”. Il a lieu chaque année le premier dimanche d’avril et voit une procession défiler avec trois teubs XXL montées comme des ânes sur palanquins. Chacun aura compris qu’il est question d’un rite de fertilité.
Je n’ai pas assisté à l’événement, ni cette année pour cause de planning surchargé ni l’an dernier parce que le cœur n’y était pas, la fête étant blindée de touristes et ayant pris avec les années des allures de plus en plus commerciales. Et puis faut se taper les 500 bornes jusqu’à Kawasaki.
Un de ces quatre, faudra quand même que j’aille y jeter un œil rien que pour chanter Les Lacs du Kanamara. J’aurai la décence d’attendre que Michel Sardou soit entre quatre planches pour qu’il puisse se retourner dans sa tombe.
Une fois n’est pas coutume, on lit beaucoup de conneries sur le sujet. Comme quoi ce serait LA fête de la fertilité notamment. Au Japon, toutes les fêtes du printemps en sont, d’une façon ou d’une autre. Et puis c’est oublier qu’en-dehors de LA fête connue des touristes, il en existe une autre rigoureusement identique : le hōnen matsuri (豊年祭). Là aussi, le plus connu, à Komaki, éclipse les autres. A croire qu’en Occident, le cerveau peine à suivre au-delà d’UNE référence…
Le hōnen matsuri est un festival shintō qui a lieu le 15 mars et permet donc de se dispenser du bain de foule à Kawasaki deux semaines plus tard. La fête s’y déroule à l’identique avec procession de bites géantes, accompagnées de moult danses et roulements de tambours. Et tout, je dis bien tout, est à base de pine. L’ambiance de la journée se situe au même niveau : bon enfant et sous la ceinture. On voit des dames très propres sur elles juchées, rigolardes, sur des troncs à la forme explicite. Comme à carnaval, rite d’inversion par excellent, des hommes se promènent en kimonos féminins. Tout le monde se lâche, c’est la grande foire à la déconnade. Et surtout, la moindre victuaille donne un sens très littéral à l’expression “bouffer de la bite”. Parce qu’on en avale ! Gâteaux, bonbons, sucettes, donnent l’impression qu’un sex-shop a explosé et répandu son contenu à travers les rues. Zobs et foufounes à volonté ! Y aurait de quoi abuser de la situation et jouer du quiproquo sur l’air de “ce qui dépasse de ma braguette, c’est pas ce que tu crois, c’est une sucrerie, si, si, je te jure”. Pas sûr que la donzelle arrive au paradis quand le sucre d’orge lui coulera dans la gorge. D’un coup de dents, votre zozio risque de s’y retrouver, lui.
Là encore, le cliché du Japonais aussi froid qu’une lame de katana en prend un coup bien profond. Voir la mère de Yumi croquer à belles dents, hilare, dans une bite en chocolat nuance l’image traditionnelle de la belle-mère acariâtre. Sauf si j’ai raté un message caché dans son geste…
Je laisse au lecteur le soin d’imaginer mes réflexions poétiques… “On m’appelle Freddy Sirocco.” Yumi en train de chevaucher une bite géante ? “Attends, je vais chercher le chatterton sinon tu vas éclater comme un hamster.” La même Yumi mangeant une sucette à la forme sans équivoque ? “Avoue que t’aimes ça, bouffer de la teub.” C’est là qu’on voit le côté pratique de parler une langue que personne autour ne comprend…
La fête de la fertilité à la maison en tête-à-tête a été de la même veine : “après avoir sucé toute la journée, on va passer de l’entraînement à la pratique réelle”. Yumi aime les sucettes, comme dit peu ou prou la chanson. Et pas seulement celles à l’anis.
(Crédit photo : Internet, il va de soi que je ne peux pas vous poster ma femme ou ma belle-mère “en action”, sans quoi elles me tueraient… ou pire… Je préfère pas imaginer.)