Tour d’horizon de quelques aspects du quotidien. En vert, les trucs trop de la balle. En rouge, les trucs pas glop.
Les konbini (コンビニ), hybrides entre l’épicerie arabe du coin et un cybercafé. Je me cite : “Tous les produits de première nécessité ainsi qu’une tonne de services improbables (photocopie, Internet, réservation de billets de concert ou d’avion, micro-ondes pour réchauffer le plat qu’on vient d’acheter, borne de paiement en ligne pour ses factures d’eau et d’électricité ou ses impôts…).” Ouverts 7j/7, 24h/24 et présents partout.
(Source de la citation : bibi.)
Les distributeurs (自動販売機, jidōhanbaiki) de tout et de n’importe quoi, bouffe et boisson, clopes, mais pas seulement (timbres, petites culottes, DVD pornos, bouquets de fleurs, cornets de frites, œufs frais, crabes vivants). On en trouve partout mais alors partout, jusque dans des endroits qu’on n’imaginerait pas (environ 6 millions de machines en service).
On pourra s’étonner d’en voir devant les magasins qui disposent des mêmes produit en rayon. Ils servent à dépanner hors des horaires d’ouverture, certains fonctionnant H24, d’autres sur une tranche 5h-23h. En journée, c’est bien pratique aussi pour éviter de se taper la queue à la caisse alors qu’on a juste besoin d’un litre de Coca. A noter que les distributeurs constituent de véritables mini-rayons et ne se contentent pas de proposer un choix réduit à trois malheureuses marques.
Ils sont rarement en panne, taggués ou vandalisés.
Le paiement réserve quelques surprises. Dans un pays aussi high-tech, on s’étonnera que beaucoup d’enseignes n’acceptent pas les cartes bancaires. Et même quand c’est le cas, les cartes internationales ne passent pas forcément. L’incompatibilité vaut aussi pour les distributeurs d’argent. C’est un piège à con dans lequel tombent tous les touristes. Avec un deuxième effet pas cool si votre carte fonctionne : la rapacité de votre banque en matière de frais pour des opérations à l’étranger.
On s’habitue donc à trimbaler des quantités conséquentes de liquide sur soi.
Pas d’inquiétude, la sécurité des rues japonaises est notoirement connue. Comme on ne vit pas à Disneyland, évitez quand même d’aller emmerder les types tatoués à qui il manque des doigts. Que le Japon soit un des pays les plus sûrs du monde ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de crimes, juste qu’ils sont moins nombreux qu’ailleurs.
Vous pouvez perdre votre portefeuille avec de grandes chances de le récupérer au poste de police du coin. Son contenu sera sûrement intact (sidérant…). Vous pouvez laisser votre vélo sans antivol le temps de faire une course, vous le retrouverez en revenant. Une nana peut se promener seule sans se faire alpaguer tous les dix mètres à coups d’apostrophes poétiques (“file-moi ton 06”, “t’es trop bonne !”, “tu suces, salope ?” und so weiter).
En plus d’assurer la paix dans les rues, les policiers seront vos meilleurs amis si vous vous perdez. Et vous vous perdrez forcément.
L’orientation relève du cauchemar. Rues sans noms, bâtiments sans numéros (ou numérotés par ordre de construction), resto perdu au 3e étage d’un immeuble sans enseigne et dont l’entrée est située au fond d’une ruelle quasi invisible (c’est du vécu…).
Le calvaire est compensé par ces GPS humains que sont les flics locaux, faut juste s’habituer à atteindre sa destination encadrée par la maréchaussée. Car les archers n’hésitent à vous accompagner pour éviter que vous ne vous perdiez à nouveau.
La remarque vaut aussi pour le Japonais lambda dont la serviabilité n’est pas un mythe. Vous vous battez, l’air hagard, avec votre plan du quartier, un type vient vous orienter et fait même le chemin en votre compagnie. Vous sortez d’un magasin grimé comme un touriste (chaussures bateau, bermuda, polo) pour découvrir que dehors, il pleut des cordes (ou neige des pendus). Pas de problème, une nana vous file son parapluie. Elle ne le vend pas, elle le donne ! Et cetera, et cetera.
Par un étonnant paradoxe, alors que la circulation se révèle particulièrement hasardeuse dans les rues anonymes, le Nippon se montre friand de signalétique en tout autre circonstance. La grosse galère, c’est d’arriver à destination, mais après, tout est fléché, étiqueté, indiqué, panneauïsé.
Dans la même veine, l’accessibilité aux handicapés est particulièrement bien indiquée et les équipements autrement plus présents qu’en France. Les panneaux abondent, en gros pour les malvoyants, en braille pour les aveugles. Indications sonores quand le feu des piétons passe au vert, bandes podotactiles sur les trottoirs, rampes, ascenseurs…
Je ne me suis pas amusé à faire le compte, mais à vue de nez, on trouve beaucoup plus de toilettes adaptées pour les personnes en fauteuil roulants qu’en France. On peut citer les trottoirs sans dénivelé par rapport à la route à hauteur des passages piétons.
L’accès aux trains ne pose pas non plus de problème, les portes sont à hauteur des quais et suffisamment larges pour faire passer le char de Ben Hur. Au pire, les employés du rail peuvent déployer en deux temps trois mouvements une rampe d’accès plutôt que se livrer à une séance de muscu pour hisser le fauteuil et son passager. Ils iront même jusqu’à prévenir la gare de destination de vous aider à descendre. Le métro, quant à lui, ménage des espaces réservés. Pas besoin d’être un champion de Tetris, de monter des faux sur les moyeux de son fauteuil ou sortir la canne-épée blanche pour s’y frayer un chemin. Certains taxis de Tōkyō sont aménagés uniquement pour prendre en charge les personnes en fauteuils roulants. Le bus reste la terreur du fauteuil roulant (et je ne parle pas de choc frontal) et une petite moitié “seulement” est accessible, soit quand même plus que la plupart des pays du monde. Comparativement, Lille devait tourner autour de zéro quand j’en suis parti. Oui, on va me dire que les deux tiers des bus lillois ont un “plancher abaissé” pour “faciliter l’accès”. Non, ça diminue juste la difficulté. Un peu léger comme solution quand on voit qu’ici, les équipements vont de la rampe rétractable à la plate-forme hydraulique. C’est vrai qu’en France, on se félicite de deux fois rien…
Ce point me permet d’embrayer sur la qualité de service. Ici, le client est roi pour de vrai et l’expression n’a rien d’une coquille vide. En France, depuis qu’on a guillotiné un de nos monarques, le client a perdu de sa superbe pour n’être plus qu’un pigeon. En témoigne une qualité de service totalement aléatoire. Même en se cantonnant à des requêtes légitimes et raisonnables – roi n’implique pas de jouer les despotes –, la réponse est souvent “non, c’est pas possible”. Voir l’anecdote sur l’achat d’une cafetière ici. Idem quand on a acheté un plumard : quand on vous dit que la livraison aura lieu tel jour à telle heure, c’est pas le lendemain à un horaire aléatoire.
Cette qualité se retrouve dans tous les domaines : l’usager doit être satisfait. Impérativement. Sinon, c’est la fin du monde.
Conséquence : les trains sont toujours à l’heure.
Attention, qualité de service n’est pas synonyme de qualité de prestation. Les banques, par exemple, sont tout sauf pratiques. Déjà, il faut pouvoir y ouvrir un compte et c’est pas gagné. Dans certains cas, votre tête de gaijin suffit à vous exclure d’office. Pas forcément par racisme, simplement, beaucoup de gaijin vont et viennent au gré des pérégrinations touristiques, programmes d’étude ou contrats de travail. Le genre de clients temporaires qui nécessite beaucoup de paperasses pour ouvrir puis fermer un compte. Ça fait chier les banquiers. Bien sûr, on vous le présentera autrement, poliment et avec le sourire.
Une fois le compte ouvert, comme dit plus haut, la carte de paiement, si vous en demandez une, sert peu. La carte de retrait, elle, chauffe beaucoup. Les frais varient selon les banques, de même que les opérations qui les occasionnent. S’agit de bien épelucher la liste avant de se livrer au moindre retrait… Une conjointe rodée au système s’avère un plus non néglieable en ce domaine.
Les agences ferment sur le coup de 15h et 16h, on a vu plus pratique pour s’y rendre. Les distributeurs ne fonctionnent pas 24h/24 (voire HS les jours fériés). A croire qu’il y a un gars dedans qui fait une pause pour la nuit.
Le taux d’intérêt est ridiculement bas, ne comptez pas vous enrichir avec les “petits” engendrés par votre compte.
Les banquiers sont des enculés. Comme partout.
Voilà ce qui me vient sur le moment. Si j’ai d’autres idées, je pondrai un complément d’articles. Le topo reste généraliste et peut se nuancer à l’infini (sauf la phrase sur les banquiers).
Par exemple, l’accessibilité aux handicapés dans les petites villes ou la cambrousse, c’est très très (très très très) moyen.
Le konbini, c’est super pour le client… moins pour la caissière qui bosse debout. Etre assise la mettrait dans une situation plus confortable que le client, qui est non seulement debout, mais en plus doit porter ses courses, le pauvre chou…
Après, le côté pratique l’est d’autant plus si on s’y adapte. Forcément, les expats qui veulent continuer à vivre avec leurs petites habitudes importées… Un peu comme ceux qui se plaignent que tout soit en japonais… C’est vrai qu’en France, tout est sous-titré en anglais, arabe, portugais, flamand…
Moi, tout ça me convient très bien. Surtout depuis que j’ai le GPS sur mon téléphone. Parce que les rues sans nom, je m’en remets toujours pas… Tu parles d’un Japon pratique…