Combien de fois ai-je utilisé dans mes parties de jeu de rôle ce démarrage totalement artificiel ?…
On compte environ 70000 ryokan (旅館), solution idéale pour une virée dans le “Japon authentique”. Au-delà du cliché de la formule, c’est vrai. Les bâtiments sont tout ce qu’il y a de plus traditionnels (bois, bambou) ainsi que l’aménagement (futon, tatami, cloisons de papier) et l’environnement (jardin japonais).
Je n’ai pas encore eu l’occasion de tester ce type d’hébergement, mais c’est prévu pour cet été.
Petite particularité sur l’hygiène : bien que la salle de bain privative soit possible, ce n’est pas une règle, loin de là. Les ryokan disposent d’un bain chaud commun (commun mais pas mixte), ce qui n’est pas du goût de ceux qui tiennent à leur intimité. Si le bain est approvisionné par une source thermale, on parle d’un onsen (温泉).
En outre, les tatouages peuvent poser problème (y compris dans les bains publics hors des ryokan). Selon les endroits, le règlement va de “on s’en fout” à “rigoureusement interdit” et le tenancier peut être plus ou moins coulant sur le sujet selon que votre tatouage est discret ou imposant. Et mieux vaut demander avant que risquer le clash surprise une fois sur place. Parlementer est généralement inutile, même si Captain Obvious et votre figure de fromage blanc démontrent que vous n’êtes pas un yakuza.
Deuxième particularité, on n’est pas chez mémé, ainsi que vous l’expliquera en d’autres termes l’okami (女将), càd la propriétaire des lieux (ou la femme du proprio invisible qu’on ne croise jamais). Ambiance feutrée et calme garantie, d’autant que les clients n’y logent pas par hordes (en moyenne une douzaine de chambres).
Les ryokan ont des règlements plus ou moins stricts, mais il y a toujours un minimum à respecter. Par exemple, pas de godillots à l’intérieur, on circule en chaussons dans les communs (qu’on vous prête, ainsi qu’un kimono appelé yukata pour vous éviter de vous promener en pyjama), pieds nus ou en chaussettes dans la chambre. On arrive en début ou milieu d’après-midi et pas à l’improviste. On ne rentre ni ne sort à pas d’heure – c’est fermé dès 23 h de toute façon. Les grasses matinées sont mal vues. Ne pas sortir de sa chambre, idem, car vous cassez le rythme donc l’harmonie de la maison. Si on vous propose une activité, c’est oui, vous en mouriez d’envie, c’est juste que vous ne le saviez pas. L’usage veut également qu’on file un pourboire à la maîtresse de maison en arrivant.
Les rôlistes sont priés de ne pas déclencher de bagarres d’auberge, on n’est pas dans Donjons & Dragons.
Bon, présenté sous cet angle, certains trouveront que c’est le bagne. Oui et non. Le statut est ambivalent, à la fois client et invité. D’un côté, le client est roi et le sens du service est sacré au Japon. De l’autre, ben vous n’êtes pas chez vous et charbonnier est maître chez soi. Faut se plier aux usages des maîtres de maison, au même titre qu’invité quelque part, on n’arrive pas en rotant, pétant et posant les pieds sur la table.
Côté service, la femme de chambre (qui est en kimono, pas en tenue de soubrette) déploie votre futon tous les soirs. La classe, hein ?
La cuisine y est souvent de haut niveau – donc pas donnée – et les repas sont servis dans la chambre à un horaire qui ne dépend pas de vous. Petit déjeuner et dîner sont généralement compris dans les tarifs.
Parlons pognon. Les tarifs sont très variables, allant du simple au triple de 10 à 30000 ¥. La fourchette moyenne est de l’ordre de 12-20000 ¥ par personne et par nuit, incluant petit-déjeuner et dîner. Attention, les chiffres sont hors taxes et ne comprennent pas le service. Attention (bis), tous ne prennent pas les cartes de crédit et il vaut mieux prévoir des espèces.