Et c’est bien dommage.
“Le Japon” mentionné dans le titre n’est évidemment qu’une vue de l’esprit. Evidemment, tout le monde se revendique du “vrai Japon”, du “Japon authentique”, mais là, je parle du Japon tel qu’il existe dans les faits, pas dans une mystique délirante de soi-disant pureté composée à 90% d’idéalisme voire d’élucubrations, et déconnectée de la réalité dans les mêmes proportions.
Parlons donc de ces “passionnés”… Ou pas en fait, puisque d’autres se sont déjà livrés à une hilarante – et malheureusement vraie – galerie de portraits qui pèse lourd dans le débat sur l’euthanasie de masse.
J’en ai croisé. Pas de bol. Pour moi surtout. Eux s’en sont tirés à bon compte grâce à de bêtes dispositions légales m’interdisant le port et l’usage d’une arme, même avec les meilleures intentions du monde.
Autant j’accepte l’inculture totale vis-à-vis du Japon de la part de ceux que le sujet n’intéresse pas. Je croise régulièrement le phénomène inverse avec ce que les Japonais me sortent comme clichés sur une France de carte postale. France = Paris, Tour Eiffel, Louvre, Champs-Elysées, pinard et camembert. Réducteur mais pas faux.
Non, là où le bât blesse, c’est quand les âneries sortent des bouches fétides de soi-disant “passionnés”, “fans”, “aficionados” et autres “amateurs” aussi éclairés que mon côlon, qui n’hésitent pas à s’autoproclamer “connaisseurs” selon des critères qui laissent perplexe sur la notion de connaissance. La formule “con de naissance” me paraît autrement plus appropriée.
La culture nippone se résume à quelques bribes comme les mangas, les animes, les jeux vidéos, les dramas ou la Jpop.
Plus quelques images pittoresques (Fuji, geishas, samouraïs, écolières…) à propos desquelles ils peuvent disserter des heures sur les forums à grand renfort de massacre orthographique (“lé ninja y son tro for lol”). Evidemment avec zéro expérience pratique sur le sujet, puisqu’ils n’ont jamais bougé le cul de leur PC, et autant de connaissances théoriques valables (les bouquins sur le sujet, c’est trop chiant, pas le bon ratio texte/image pour tenir la comparaison avec un manga).
La géographie ne va pas au-delà de Tōkyō, le reste de l’archipel faisant figure de province sans intérêt, une terra incognita, au mieux une vaste rizière. Et encore, quand je dis Tōkyō, la zone se réduit à deux-trois quartiers en comptant large.
La cuisine japonaise se limite aux ramen et sushi.
Tous les Japonais qu’on croise sont costumés comme il y a deux siècles pour les plus vieux, ou, pour les plus jeunes, en gothic lolita, cosplay ou autre délire vestimentaire (visual kei en tête), dans tous les cas avec moult errements capillaires dans le plus pur (sic) style manga aux coiffures de porc-épic.
Et cetera ad nauseam. Ou pas, puisque j’ai fait le tour. Le Japon, c’est ça. C’est tout.
Ils ne parlent évidemment pas japonais, l’écrivent encore moins. Trop dur, surtout quand on n’essaie même pas.
Sorti de trois formules de politesse, une paire d’insultes et d’une poignée d’onomatopées, y a plus personne pour faire la conversation. A l’écrit, c’est pire, un œil sur n’importe quel forum sérieux démontre que les seuls caractères “japonais” utilisés sont… le romaji. Et je n’ai pas dit “maîtrisés”, vu les transcriptions farfelues qui pullulent, sans parler de menus détails ignorés comme la longueur des voyelles (o et ō ne se prononcent pas de la même façon, oui je pinaille, oui je suis un puriste, oui je suis chiant).
Le fin du fin de la maîtrise de l’idiome nippon, un genre de kamehameha linguistique en quelque sorte, consiste à caser kawaii ou arigato à longueur de posts sur les forums entre deux “lol”. Et on ose se plaindre de Vandamme et de son franglais… Lui a au moins l’excuse de la coke pour lui avoir ravagé le cerveau.
“Ce n’était pas simple pour elle au début de regarder ces dramas et le mot “regarder” prend tout son sens. Ne comprenant pas le japonais, elle ne pouvait lire que les sous-titres mais ils étaient en anglais et hélas, cette langue non plus, elle ne la comprend pas. Heureusement, et c’est là la force des dramas, l’histoire, qui est de toute façon toujours grotesque, cliché et sans intérêt, est compensée par le choix des acteurs/actrices qui ne sont que des posters sur pattes. On “regarde” un drama comme on regarde un tableau. Il ne se passe rien mais c’est joli. La seule différence, c’est que le drama bouge.” (Citation extraite de là.)
Voilà qui résume bien deux versants de ces olibrius.
Passionné de Japon, oui, mais pas de l’essentiel. La langue ? Un détail. Certes de ceux qui forment les fondements d’une culture, mais bon, pas grave, on ne va pas s’arrêter à des conneries de petits dessins pleins de bâtons. Tout le bien que j’en pense apparaît dans divers articles de ce blog (notamment ici) et je rêve souvent de la rencontre entre mes rangers et leurs rotules…
L’autre aspect, c’est ce crétinisme de fan décérébré (oups, pléonasme). C’est japonais, donc c’est bien. Certes, on ne peut pas reprocher grand-chose à une nation qui a inventé le kamikaze et a su pousser très loin le fanatisme dans bien des domaines. Ce en quoi ses admirateurs les plus débiles sont finalement sur la même longueur d’onde. Pour ma part, j’ai toujours été partisan de fusiller les extrémistes après leur avoir brisé les doigts et arraché les ongles, et je préfère crever que changer d’avis sur la question. M’enfin faut reconnaître que le Japon n’échappe pas à la règle de la production de masse : pour 1 bon truc, on compte 10 œuvres très moyennes et 20 bouses avérées. Si vous n’y connaissez rien aux dramas (ou en mangas ou en Jpop, ça marche aussi), faites le calcul avec la production américaine en termes de séries télé ou de films. Pour un Fight Club, combien d’Independance Day ?…
La faute à qui ? On pourrait ergoter longtemps. Les gens sont cons, déjà à la base. Le rôle des boîtes à lobotomiser n’est plus à démontrer, la télé et Internet ayant une faculté phénoménale de transmission de la connerie. Enfin, les Japonais eux-mêmes, dont le gouvernement et sa politique d’exportation culturelle d’un “cool Japan” de pacotille.
Une chance pour moi, je suis quasi débarrassé de ces attardés du bulbe.
Ils n’ont jamais bougé de chez eux et n’en bougeront jamais. Le pays de leurs rêves restera toujours éloigné de 10000 bornes à quelques dizaines de kilomètres près.
Bon, vous me direz, c’est pas la porte à côté, on n’y va pas d’un coup de voiture comme au musée du coin. Soit. Mais vouloir y aller serait déjà un grand pas. Parce qu’ils lancent souvent l’idée de s’y rendre, mais comme une chimère romantique, jamais comme un projet qu’ils envisagent concrètement. Le Japon, monde éthéré et inaccessible, dont on parle comme d’un pays imaginaire (ce qui est exact dans la vision qu’ils en ont). Vouloir s’y rendre serait aussi réaliste que projeter une virée touristique dans les Terres du Milieu. “Un jour… Quand j’irai…”
Ça vaut le “il faudrait qu’on se fasse un resto à l’occasion”, pieuse idée sans plus de substance que le “ça va ?” avec lequel votre interlocuteur a débuté la conversation alors que dans le fond, votre réponse, il s’en balance royalement. Sauf à prendre l’organisation en main, vous risquez de crever de faim avant de voir la couleur de votre assiette dans cet hypothétique restaurant.
Les rares exceptions comme le célèbre cas de Lorie et Jennifer – dont les prénoms sont déjà tout un programme et un excellent révélateur de la débâcle parentale – se révèlent aussi parlants qu’édifiants. “On est dans le caca” constitue un excellent résumé de la vie quotidienne des du neurones atrophiés qui mène la barque, tel Charon, directement aux enfers, une entreprise plus Titanic que titanesque.
Une chance pour moi, disais-je, car le risque de voir débarquer ce genre de phénomènes est très limité. Quand bien même des parents lucides souhaiteraient se débarrasser de leur progéniture aussi encombrante que crétine, les perdre dans la forêt selon la méthode dite du Petit Poucet laisse moins de traces que signer des autorisations de sortie du territoire et occasionne moins de frais qu’un voyage vers l’Empire du Soleil Levant. Faut juste penser à confisquer les cailloux…
Eux au moins ont l’excuse de leur jeune âge et de l’immaturité qui va avec (sans parler d’un patrimoine intellectuel déficient et d’un manque flagrant d’éveil et d’éducation parentale ou professorale). Les pires, comme toujours, sont les “adultes”, c’est-à-dire des gens qui ont l’âge d’être “des grands” mais demeurent des gamins dans leur tête. Et pas des premiers de classe, mais des cancres vautrés sur le radiateur au fond de la salle à bayer aux corneilles ou à bâiller tout court.
Les expatriés, qu’on divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent ceux qui sont venus au Japon et ceux qui sont partis de la France. Les premiers s’installent, les seconds campent. Portrait des “campeurs” ici, ce qui me dispense d’un long discours.
J’en ai croisé quelques spécimens. Kyōto a en effet le douteux privilège d’attirer les Français au point que le consulat d’Osaka et Kobe y a déménagé en 2009. Il y aurait environ 1500 résidents (1558 au 31 décembre 2011 d’après la Maison des Français de l’Etranger, sans plus de précision concernant l’échelle, à savoir la ville ou la préfecture qui s’appellent toutes deux Kyōto) et un nombre de touristes que j’ignore. Le point positif de la catastrophe de Fukushima est d’avoir réduit quelque peu ces chiffres.
Même en les évitant comme la peste, il m’arrive de tomber sur eux. Ou plutôt eux me tombent dessus. Un exemple tout con, j’ai deux mains gauches, chacune comportant cinq pouces droits. L’adresse et moi, dans le civil (parce qu’au sabre, c’est une autre chanson), ça fait donc deux. Je fais tomber mon téléphone et lâche un “merde, fait chier” retentissant… ce qui trahit à coup sûr mes origines franchouillardes en digne héritier de Molière et Balzac. Grillé. Autre exemple, l’usage du français en public, tout impoli que ce soit, garantit une relative confidentialité de mes propos avec Yumi (oui, ça me fait marrer de lui balancer en public des trucs cochons dans une langue que personne n’entrave). Grillé.
Et le couperet tombe quand j’entends le fatidique “bonjour, vous êtes français ?” auquel je pourrais difficilement répondre par la négative. Sauf que je ne suis pas là en touriste ni pour rechercher à tout prix la présence des Dupont-Durand et vivre à la française. Compatriotes passez votre chemin sauf si vous êtes une perle rare à mon image (ma modestie me perdra). Dans le doute, je préfère autant les éviter, car eux manquent rarement de me foutre la honte dès lors qu’ils rentrent dans le cadre du portrait cité précédemment. Et c’est généralement le cas…
De toute façon, je suis vite fixé : si on me dit “je vis au Japon depuis x mois ou années (…) j’ai toujours un niveau de japonais de première leçon de grand débutant”, l’affaire est entendue. Ciao l’ami, je peux même t’aider à rentrer dans la mère patrie d’un grand coup de pompe dans le séant. Suffit de prendre assez d’élan.
“En bon attardé immature qu’il est, ce séjour prolongé au Japon était juste une façon pour lui de continuer à vivre au pays de ses rêves qui ne sont faits que de mangas, d’anime et de jeux vidéo, comme en France, mais cette fois-ci, c’était sur place. Directement du producteur au consommateur. Il avait une chance superbe, il a tout raté. Encore une fois. Un gâchis immense et absolu. Comme lui. Loser un jour, loser toujours.” (Loc. cit.)
Encore, ils en tireraient un quelconque enseignement, une ouverture sur des aspects qu’ils négligeaient, mais non. Si on ne repart pas un moins con qu’en arrivant, il est où l’intérêt ? Dans mon cul, je sais…
Non, décidément, les “passionnés” qui viennent sur place entretenir leur vision fantasmatique en se mettant des œillères pour tout le reste, très peu pour moi, encore moins que les gogols ados (oups, pléonasme, le retour) qui ont encore peut-être une chance de grandir et mûrir un peu. Peut-être.
Il me monte comme des envies de vêpres siciliennes, de nuit des très longs couteaux format sabre. On ne peut vraiment pas demander d’indulgence à un prof vis-à-vis de gens qui ne veulent pas apprendre.