En mai, tu ne feras pas ce qui te plaît. D’abord parce qu’on est en juin et ensuite parce que la marge de manœuvre est restreinte.
Le koromogae (衣替え), sans être une fête à proprement parler, fait partie de ces journées japonaises marquées par une cérémonie pour raison X, Y ou Z. En l’occurrence, on change de fringues ou plutôt de tenue.
La coutume remonte à la période Heian (VIIIe-XIIe s) où les changements saisonniers de vêtements avaient lieu les 1er avril et 1er octobre. Par la suite, selon les périodes, on changeait également le mobilier lors d’une espèce de grand nettoyage de printemps/hiver ; d’autres changements de demi-saison se sont intercalés ou ont été supprimés.
En juin, on passe des vêtements d’hiver à ceux d’été, et inversement en octobre. La date est sujette à variation selon les régions, la configuration longiligne de l’archipel impliquant des différences climatiques très marquées selon que vous habitiez Okinawa ou Hokkaidō.
Le changement est indicatif pour la plupart des Japonais qui s’habillent selon le temps qu’il fait, comme tout le monde. Le changement peut être coutumier dans certains cas – les salarymen passent de la chemise à la chemisette – et obligatoire dans d’autres (police, milieu scolaire…).
Et moi je reste en manches longues au boulot à cause de mes tatouages… avec en plus pour mission de vérifier que mes ouailles ont effectivement troqué leur uniforme d’hiver pour sa version estivale. Et d’aucuns de se dire : “ah, l’heureux homme qui a pour tâche de vérifier que les jupes des filles ont raccourci”. Ben non, je ne suis carrément pas à l’aise, car ici comme partout, les élèves sont mineurs. Mission délicate donc. Et heureusement, on ne me demande pas de me promener avec mon double décimètre à la main pour vérifier la longueur règlementaire.