Je viens de faire connaissance avec mon dentiste.
Autant le dire tout de suite, l’expérience n’a rien d’exotique. Aller chez le dentiste au Japon ne présente aucune différence particulière avec la même prestation en France. A part exposer ce qui vous amène dans une autre langue. Après, de toute façon, avec un type qui triture dans votre bouche, la conversation devient rapidement limitée. Sauf à communiquer en morse via des clignements d’yeux. Mais j’ignore le morse donc… Et puis j’étais trop occupé à mater les loches que son assistante agitait sous mon pif. Ici aussi c’est à croire que le recrutement se fait sur casting.
Pour la petite histoire, je me suis pété une canine en mangeant du foie gras il y a une dizaine de jours. Ça m’apprendra à avoir des goûts de riche. Cette auguste denrée n’y est pour rien, la ratiche présentait des signes de faiblesse depuis un moment.. comme à peu près les trois quarts de ses consœurs.
En fait, depuis que j’ai des dents, j’ai des problèmes de dents (La Palice, au secours !). A croire qu’elles ont poussé avec un mécanisme d’autodestruction intégré. J’héberge une espèce de ligue scorbutique dont le passe-temps consiste à se suicider pour me faire chier. Au point que la moindre visite “de routine” se solde par un abonnement de 3 mois de rendez-vous hebdomadaires. Depuis le temps, mes mâchoires représentent en soins dentaires le PIB de Monaco. Et ça, c’est en temps normal, auquel il convient d’ajouter les accidents divers et (a)variés. Bon, aimer le nougat, ça aide pas non plus. Mais quand bien même. Si les montagnes s’érodaient à la même vitesse que mes dents, la région Rhône-Alpes aurait très vite le même relief que la Belgique. Mes dents s’effritent, comme la spécialité culinaire du plat pays, sauf que ça s’écrit pas pareil.
Avec le recul, j’ai été bien bête de ne pas en profiter. J’aurais pu entuber la petite souris et amasser des fortunes si j’avais placé sous mon oreiller chaque bout de ratiche qui s’est barré, pété, effrité.
Cela dit, il n’y a pas que des désavantages. Par exemple, la perte de deux dents de sagesse n’a en rien influé sur les caractéritique de mes prêtres d’AD&D et de WoW. Et finalement, c’est très bien d’avoir trois quarts de dents qui ne sont plus que des coquilles vides à force de rafistolages en-veux en voilà. Le jour où je m’en pète une – et c’est arrivé 3 fois rien que sur les 15 derniers mois –, je ne sens rien. Tellement de dents dévitalisées que je pourrais prendre une balle dans la mâchoire comme Robespierre, je ne m’en rendrais même pas compte. Ou alors elle ricocherait sur les plombages et les couronnes, au choix. Bref, les ennuis de santé sans la douleur qui avec, c’est toujours ça de gagné.
Tout ça pour dire que dent pétée = dentiste (merci du scoop…). L’occasion de tester les spécificités nippones sur le sujet… finalement inexistantes.
Accessoirement, j’ai fait profiter mon dentiste de mon formidable sens de l’humour.
“Comme les pharaons, j’ai deux couronnes.”
“Vous faites une carte de fidélité ?”
A la question “ça vous gêne pour manger ?” j’ai répondu que n’étant pas vampire, une canine en moins ne présentait pas un handicap insurmontable.
Pas en reste de son côté, ce Mr Bricolage dentaire a conclu par “aujourd’hui, je ne vous ai soigné que six dents, mais pour la prochaine fois, comme vous encaissez bien la douleur, on va prévoir une grosse séance”. Ah, parce que six “seulement” c’est de la petite bière ?… J’aurais dû faire ma chochotte pour avoir un rendez-vous pépère. Il compte faire quoi ? Attaquer au marteau-piqueur ? tout recouvrir d’une chape de titane ? sculpter mon prénom au laser sur chaque dent comme d’autres le font sur des grains de riz ?
Bon, quand même, quitte à me rafistoler les deux canines supérieures, j’aurais dû demander un design un plus Dracula. Mais comme la Sécu ne rembourse pas l’achat d’un smoking, j’en aurais été de ma poche.