Qui ne connaît pas Pacman ?
Si, à cette question, vous avez répondu “moi”, c’est à se demander sur quelle planète vous avez vécu ces trente dernières années. J’ajouterai qu’il faut pas être bien dans sa tête pour m’avoir répondu puisque je ne vous entends pas.
A l’image de son créateur, Pacman est petit et jaune (si vous aviez pensé “rond avec une bouche triangulaire, vous avez perdu). Son papa s’appelle en effet Iwatani Tōru, Japonais de son état.
La créature quant à elle s’appelle パックマン (Pakkuman), un nom d’une richesse linguistique renversante. De l’onomatopée pakupaku (ぱくぱく ou パクパク) qui marque l’action d’ouvrir et fermer la bouche, et par extension celle de bouffer comme un goret en engloutissant bruyamment sa becquetance. Pacman, croisement improbable d’un poisson rouge et de Pantagruel, fait les deux, voilà qui tombe bien. A sa sortie en 1980, la petite boule jaune se nommait Puck Man, mais des petits malins grattaient la boucle du P sur les bornes d’arcade pour le rebaptiser Fuck Man. Au moins maintenant on sait pourquoi Pacman est toujours représenté la bouche grande ouverte : il suce et il avale.
D’après Iwatani, l’idée de la forme caractéristique de pizza entamée lui serait venue en voyant une pizza entamée. Alimentaire, mon cher Watson. Selon une autre version du même Iwatani, il se serait inspiré du kanji 口 en l’arrondissant (lequel kanji désigne la bouche comme chacun sait).
A l’origine, le jeu est conçu pour concurrencer Space Invaders sorti un an plus tôt (oui, c’est japonais aussi comme jeu). Moins axé pur bourrinage à coups de laser dans la gueule d’aliens belliqueux, il avait pour vocation de ratisser large en attirant un public féminin, d’où certaines spécificités techniques comme la seule utilisation de la manette pour ne pas troubler les déficiences psychomotrices notoires des individus à double chromose X. Je ne l’invente pas : Iwatani explique lui-même dans un bouquin (パックマンのゲーム学入門) que le jeu devait être conçu suffisamment simple pour qu’une femme puisse y jouer et assez coloré pour qu’elle ait envie d’y jouer. On appelle ça du sexisme ou de l’ergonomie ou du marketing, comme on le sent…