Ubi bene ibi patria

Gaijin au Japon, c’est pas de tout repos !

Déjà, il faut gérer les Japonais qui sont au choix accueillants, distants, xénophobes, impénétrables ou perdus à ne pas savoir sur quel pied danser avec quelqu’un d’une culture profondément différente de la leur. Ça dépend sur qui on tombe… et aussi de la manière dont on les aborde. Même s’il y a des spécificités japonaises, c’est plus ou moins comme partout, en fait, dans le rapport de l’autochtone à l’étranger.

Mais surtout, le pire, et là je comprends les Japonais… ce sont les gaijin. Et un de mes buts dans la vie, c’est d’avoir aussi peu que possible affaire à eux.
Au cours de mes pérégrinations à travers le monde, j’ai pu noter cette tendance chez les Français de chercher systématiquement des compatriotes sitôt qu’ils posent un pied à l’étranger. Moi non. Surtout pas même ! L’intérêt d’aller à l’étranger, ce n’est pas de chercher le contact avec sa propre culture, mais bien d’en découvrir une autre, non ?

Le drame à Kyoto, en tant que grande ville culturelle et universitaire, c’est que les Occidentaux y abondent. Leur nom est légion, car ils sont nombreux. (Marc, 5, 9)
Les Américains n’ont qu’une qualité : on les repère facilement. La nation des obèses et des patapoufs ne passe pas inaperçue et on peut facilement éviter les elephant mammouth men à la bannière étoilée. En plus de leur tendance à se promener comme en pays conquis et de leur volume pachydermique, leur volume sonore les rend éminemment repérables, donc esquivable.
Les autres, faut garder l’œil ouvert.

Les touristes, par chance, ne sont là que temporairement. Manque de bol, je dois avoir une tête de guide touristique… J’ai arrêté de compter le nombre de fois où on m’a demandé la direction de ceci ou de cela. De deux choses l’une, soit je réponds en japonais pour clore rapidement le débat, soit je les envoie dans la direction opposée, soit je les fais tourner en rond – noyés dans un flot d’explications, peu de gens captent que tout droit, à gauche, à gauche, à gauche, les ramène à leur point de départ.

Avec les résidents, je suis autrement plus agressif. A une exception près – un pote français qui habite Nara –, je ne suis tombé que sur des glandus, Français dans l’âme et qui comptent bien le rester.
Notez bien, je comprends tout à fait dans le cas des résidents temporaires, présents pour quelques années dans le cadre d’un boulot ou d’études. Le fait est que pour eux, nul besoin de “devenir japonais” puisqu’ils rentreront un jour au pays. M’enfin quand même, si c’est pour vivre à 99% à l’occidentale, l’intérêt de s’installer au Japon m’échappe un peu…
Les résidents permanents, du moins ceux que j’ai eu le malheur de croiser, me mettent carrément hors de moi. 10 ans, 20 ans, 30 ans qu’ils sont là et résultat, adaptés oui, intégrés non. D’accord, ce n’est pas évident de se faire accepter complètement par l’ensemble de la société japonaise. C’est même impossible à 100%, un gaijin restant toujours quelque part un gaijin aux yeux des Japonais. Ceci étant, s’intégrer est quand même faisable (cf. le cas de Tsurunen Marutei, élu à la Diète… et originaire de Finlande).
Là aussi, je peux comprendre en partie. Je me connais assez pour savoir que dans 30 ans, je me sentirai toujours français au fond. Parce que de naissance, de nature, de culture, je le suis. Ce serait débile de vouloir en faire abstraction. Mais bon, quand on s’installe “pour de bon” à l’étranger, on fait un minimum d’effort d’intégration. S’intégrer sans se renier ses racines, éternel débat de l’immigration…

La plupart des 7-9000 Français qui vivent au Japon ne sont que des expatriés, pas des immigrés. Je ne suis tombé que sur ceux avec qui on n’est pas sur la même longueur d’onde, pas de bol. Moralité, je les évite ou je leur crache à la gueule (pas au sens littéral quoique…) quand j’ai le malheur de les croiser dans Kyoto (y en a quand même 1500), les traitant de petites bites qui vont pleurer à l’ambassade au premier pet de travers et de crétins qui font leurs valises illico au moindre tremblement de terre/tsunami. Parce que si on a peur de ça, faut vraiment être un abruti pour partir au Japon…
Bref, des trous de balle qui vivent au Japon mais n’y sont pas installés, des pièces rapportées qui bossent dans des boîtes françaises, vivent chez eux à la française, parlent français ou au mieux anglais, à peine japonais et toujours contraints et forcés. Pour faire ça, ils auraient aussi bien pu rester en France.
Je les emmerde donc royalement de toute la force de ma misanthropie proverbiale.