Tenir le rythme

Faut s’habituer au rythme des fêtes ici. Et bonjour le foie quand on voit tout ce qu’on s’enfile comme gnôle : pas toujours évident de rentrer chez soi en marchant à peu près droit. Bref, ici, c’est une autre façon de faire la chouille.
En France, hors fêtes de fin d’année et événements locaux tonitruants (carnaval de Dunkerque, par exemple), fêtes et jours fériés se résument à une glandouille pépère et discrète à la maison. Au Japon, on fête tout, tout le temps et avec faste.

Depuis que je suis arrivé, je compte à la louche : Setsubun Mantoro (3 février, festival des lanternes de Nara + lancer de haricots), Kenkoku Kinen no Hi (11 février), Saint-Valentin et White Day (14 février et 14 mars), Omizutori et Kasuga Matsuri (à Nara, première quinzaine de mars), Honen matsuri (15 mars), Shunbun no Hi (20 mars), Hanami (début avril), Golden Week (29 avril-5 mai) et bientôt Aoi Matsuri (15 mai). Et encore je ne m’en tiens qu’aux festivals auxquels j’ai eu l’occasion d’assister (j’ai loupé entre autre le Kanamara matsuri).
Présenté ainsi, cette liste longue comme l’organe de Rocco Siffredi n’est pas très parlante et sera donc détaillée dans une série d’articles.
Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’à côté de l’image d’Epinal des forcenés du travail – au demeurant tout à fait exacte –, les Japonais sont aussi de sacrés fêtards. La liste complète des fêtes et festivals nationaux ou locaux remplirait un botin. Et toujours avec moult cérémonies, processions, costumes, danses, tambours…

Globalement, on peut subdiviser les festivités en 3 groupes : les jours fériés, les fêtes nationales (traditionnelles ou importées), les fêtes locales. Dans leur grande majorité, les célébrations japonaises sont issues du shintō ou du bouddhisme, auxquelles s’ajoutent les commémorations liées à “l’identité nationale” (Etat et Empereur).

Les jours fériés

A noter :
– le no hi (の日) récurrent dans les noms signifie “jour de” ;
– on ne perd jamais de jour férié : s’il tombe un dimanche, on ne bosse pas le lundi.

  • 1er janvier : Ganjitsu (元日), Nouvel An
  • 2e lundi de janvier : Seijin no Hi (成人の日), jour de la majorité (20 ans)
  • 11 février : Kenkoku Kinen no Hi (建国記念の日), fondation de l’Etat (par le premier empereur)
  • 19, 20, 21 ou 22 mars : Shunbun no Hi (春分の日), équinoxe de printemps
  • 29 avril : Shōwa no Hi (昭和の日), anniversaire de l’empereur Shōwa (nom de règne d’Hirohito) ; 1er jour férié de la Golden Week
  • 3 mai : Kenpō Kinen Bi (憲法記念日), fête de la Constitution (de 1947) ; 2e jour férié de la Golden Week
  • 4 mai : Midori no Hi (みどりの日), journée verte (dédiée à la nature) ; 3e jour férié de la Golden Week
  • 5 mai : Kodomo no Hi (こどもの日), journée des enfants (surtout les garçons) ; 4e jour férié de la Golden Week
  • 3e lundi de juillet : Umi no Hi (海の日), journée de la mer
  • 3e lundi de septembre : Keirō no hi (敬老の日), journée de respect des personnes âgées (littéralement)
  • 20, 21, 22, 23 ou 24 septembre : Shūbun no Hi (秋分の日), équinoxe d’automne
  • 2e lundi d’ octobre : Taiiku no Hi (体育の日), journée de la santé et du sport
  • 3 novembre : Bunka no Hi (文化の日), jour de la culture
  • 23 novembre : Kinrō Kansha no Hi (勤労感謝の日), fête du travail
  • 23 décembre : Tennō Tanjōbi (天皇誕生日), anniversaire de l’empereur régnant ; également fête nationale (le 14 juillet local) ; change de date à l’avènement d’un nouvel empereur

Les fêtes nationales

Par fête nationale, j’entends ici non pas le sens français “fête de la nation” du 14 juillet, mais une fête célébrée dans l’ensemble de l’archipel. Il s’agit de jours (malheureusement) non chômés, comparables en gros à la Chandeleur ou la Fête de la Musique en France.
J’avoue ne pas toutes les connaître et je reparlerai en temps utile de celles auxquelles j’ai assité/assisterai.
On trouve dans cette catégorie les fêtes traditionnelles comme le Hina Matsuri (雛祭り, fête des poupées, 3 mars), le Hōnen matsuri (豊年祭, fête de la fertilité, 15 mars) le Hana Matsuri (花祭り, fête des fleurs, 8 avril), O-Bon (お盆, fête des morts, mi-juillet ou mi-août selon les préfectures). S’ajoutent certains événements qui sans être à proprement parler des fêtes à date fixe donnent lieu à des réjouissances festives comme hanami (花見) lors de la floraison des cerisiers. Enfin, il y a quelques “produits d’importation” plus ou moins fêtés comme la saint-Valentin ou Noël.

Les fêtes locales

Les matsuri étant légion, en dresser la liste serait aussi fastidieux que le fameux catalogue des vaisseaux de L’Iliade (II, 484-780). Il se passe toujours quelque chose quelque part, de la petite procession de village au défilé pharaonique avec des chars de plusieurs tonnes.
Par chance, Kyoto est réputée pour 4 festivals : Aoi Matsuri (葵祭り, 15 mai), Gion Matsuri (祇園祭, en juillet), Gozan no Okuribi (五山送り火, 16 août), Jidai Matsuri (時代祭, 22 octobre) que je raconterai “de vive voix” quand je les aurai vus. La ville de Nara, qui se trouve à proximité (30-40 bornes à vue de pif, j’ai laissé mon podomètre dans mon autre pantalon), offre également pas mal de fiestas spectaculaires.