Le Fuji dans la cour des grands

Ça y est, c’est officiel depuis ce week-end, le Fuji a fait son entrée dans le club du patrimoine de l’humanité.
Et je ne suis pas persuadé que ce soit une bonne nouvelle.

Le Fuji enfile son préservatif XXXXXXXL.
Le Fuji enfile son préservatif XXXXXXXL.

Grâce à l’UNESCO, voilà donc Fujisan auréolé non plus seulement de neige et de nuages, mais aussi du titre prestigieux de bien culturel de l’humanité. Ça en jette… et c’est à peu près tout. Pour ma part, je l’aurais classé en bien naturel, mais bon… Quant à la nomenclature “lieu sacré et source d’inspiration artistique”, certes vraie, faut quand même savoir qu’aujourd’hui le Fuji est surtout une source d’expédition touristique.
Déjà, je n’ai jamais trop compris en quoi c’était l’affaire de l’ONU de décider ce qui est patrimonial ou pas. Il y a des choses qui relèvent du patrimoine “par essence”, dirons-nous. Parce que symboliques, parce que culturelles, parce que ceci ou cela. Sans qu’il y ait besoin d’une commission pour étudier le dossier pendant des années et finalement statuer que oui ou non. Le Fuji n’a pas attendu l’UNESCO… à moins que les 200000 personnes qui s’enquillent l’ascension chaque année ne relèvent d’une vue de l’esprit.
On peut difficilement faire plus symbolique du Japon que le Fuji, que ce soit auprès des Japonais depuis qu’il est sorti de terre ou vis-à-vis de l’Occident, véritable image d’Epinal à la limite du cliché depuis un siècle et demi. Tellement symboliques que 16 sites nippons ont été inscrits au patrimoine mondial avant lui…
Enfin bon, c’est l’ONU. Vu qu’ils ne sont pas foutus d’organiser la paix dans le monde, ils s’occupent avec des temples et des montagnes, ça leur donne l’impression de servir à quelque chose. Pas sûr que le sort de l’humanité s’en trouve changé en mieux, mais bref… C’est l’ONU, donc.

Ceci n'est pas une base lunaire mais un refuge. Finalement, je comprends mieux la notion de bien culturel plutôt que naturel.
Ceci n’est pas une base lunaire mais un refuge. Finalement, je comprends mieux la notion de bien culturel plutôt que naturel.

La mauvaise nouvelle là-dedans ? Qui dit patrimoine mondial dit préservation.
L’état du site a longtemps constitué la pierre d’achoppement du dossier. Parce que le “lieu sacré” était aussi une sacrée poubelle ! Dès lors qu’on s’éloignait des coins balisés pour les touristes, bonjour la foire aux décharges improvisées. Sans parler d’une politique d’aménagement pour le moins étonnante : vous pouvez construire un hangar à vocation industrielle au pied de la montagne… par contre les centaines de milliers de visiteurs doivent se partager cinq chiottes et demi.
La dernière idée géniale pour la préservation du site a germé en début d’année. Attention, on s’accroche, faut suivre la logique démentielle. Maintenant que le Fuji est un bien reconnu de l’humanité, eh bien l’humanité va pouvoir s’asseoir dessus et en profiter nettement moins qu’avant. Vu la taille du bestiau, prévoir de la vaseline en quantité. D’une part, il est question de limiter le nombre de visiteurs ; d’autre part, l’ascension deviendrait payante. L’humanité se restreindra donc à ceux qui ont du blé et entrent dans le quota : l’humanité, ce sera 100000 personnes, pas 7 milliards et des poussières.

Le sommet du G1000 (G pour “gens”).
Le sommet du G1000 (G pour “gens”).

Donc un conseil si vous voulez profiter du patrimoine tant qu’il est accessible, grouillez-vous ! En attendant, vous pouvez toujours vous rabattre sur ma prose. Deux ascensions du Fuji au compteur, suivez le guide !