L’école est finie !

L’heure des vacances a sonné !

Voilà à quoi ne vont pas ressembler mes vacances.
Voilà à quoi ne vont pas ressembler mes vacances.

L’année scolaire vient de s’achever. Mais oui, mais oui, l’école est finie. Place aux vacances ! Enfin, vacances, c’est vite dit… Loin de la longue plage de congés à la française, qui permet aux élèves de tout oublier avant la rentrée suivante, ici, les vacances durent deux semaines. Arg… Au moins, j’échappe à la ruée vers les fournitures scolaires, cartables neufs, uniformes une taille au-dessus. Des vacances qui n’en sont pour personne, ni les élèves ni les parents… ni les profs. Faut déjà préparer la rentrée et sans tarder. On rentre le 1er avril, ça sonne comme une mauvaise blague…
Et par-dessus, les préparatifs de mariage (encore et toujours…), car mine de rien, la date approche à grands pas, comme dirait Aragorn. Dans quatre semaines, on y sera !
Je les sens pas reposantes, ces vacances, mais alors carrément pas…

Ceci n'est pas une transition, mais ça en tient lieu.
Ceci n’est pas une transition, mais ça en tient lieu.

Il va de soi qu’une année qui s’achève s’assortit d’un cérémonial particulier. Au Japon, c’est le cas de tout ce qui se termine ou démarre. Voire de tout tout court, à la réflexion. Bref.
A lieu la cérémonie de remise des diplômes, Sotsugyōshiki (卒業式). J’en ai parlé ici, je ne vais donc pas repondre un laïus dessus. Quelques différences toutefois avec la version de l’an dernier, puisque cette fois, je n’étais pas simple spectateur. Eh oui, j’ai eu droit à mon petit tour sur l’estrade pour prononcer un speech. Notez que vu le nombre de gens qui y défilent, sur cette estrade, faut vraiment être le dernier des parias pour ne pas avoir l’occasion d’y passer. Et c’est donc vêtu de mon plus beau costard – le seul que je possède en vérité – que j’ai pris la parole pour raconter la même chose que mes collègues.
“Très satisfait des progrès… blablabla… élèves formidables… c’est un privilège de leur enseigner la langue de Molière… machin, truc, tout ça, tout ça…”
Le discours super original. Vu qu’on sort tous le même, je me dis qu’on devrait s’aligner avec les collègues et le sortir en chœur une bonne fois, plutôt que défiler à tour de rôle comme une volière de perroquets.
Entre deux parlottes d’adultes, les gamins sont venus pousser la chansonnette. Pas plus que l’an dernier, je n’ai eu droit de chanter C’est nous les Faidherbards ou la Digue du Cul. J’avais caressé un temps l’idée machiavélique de les apprendre à mes élèves pour qu’ils les chantent à la place. Mais non, j’ai préféré me montrer raisonnable (hum…). Etant à la voix juste ce qu’une enclume est à la natation, je me sens de toute façon très moyennement qualifié comme prof de chant…
Après la séance blabla et tagada tsoin tsoin s’ouvre la partie mondaine. Défilé de mes élèves – accompagné du défilé de leurs parents – qui viennent me remercier, qui pour les cours de français, qui pour les ateliers de civilisation post-méridiens, qui pour mon chapeautage (conjoint avec un collègue) du club de kendō. Limite, j’aurais dû prendre une brouette pour embarquer les mots de remerciements… Parce qu’ils ne contentent pas de vous débiter des formules de politesse, ils les signent ! Au cours de ce bain de foule, j’ai adoré les “à l’année prochaine”, sachant qu’on n’est jamais qu’à 15 jours de la rentrée.
Comme ces demoiselles “rivalisent d’élégance” (le vieux cliché…), la parade des kimonos bariolés tuerait un épileptique. Qui dit grand jour et grande tenue dit aussi photo, photo et encore photo. Tout le monde se mitraille, pire qu’à Pearl Harbor. J’ai arrêté de compter combien de fois j’ai pris la pose avec tel ou tel de mes élèves, ou deux ou trois ou six… A choper le tournis. Je devais être le seul à ne pas avoir de crampes aux doigts à force de mimer des V ou d’appuyer sur un déclencheur. Nul besoin de me pointer avec mon appareil, je sais d’ores et déjà que ce week-end ma boîte mail de prof sera bourrée à craquer de photos que m’auront envoyées mes ouailles. C’est ça, le sens pratique.
Et puis il y a les adieux déchirants… Non, mais on se revoit dans deux semaines, les gens… Enfin pour les dernières années, oui, il s’agit bien d’adieux. Ils iront s’égayer dans diverses filières de diverses facs. Cela dit, une bonne partie se retrouvera à la Kyōdai, donc bon, ils se recroiseront forcément. Sans compter l’asso d’alumni du bahut qui est très active. Beaucoup d’anciens restent impliqués dans la vie du bahut et ce bien après leur départ. Ce ne sont donc pas les occasions qui manquent de revoir la trogne des promos passées ni pour les anciens de se retrouver “comme au bon vieux temps”.

A l’année prochaine, donc.